
Guilaine,
Il pleut à verse.
On voit à peine ton visage sous ton parapluie.
Nous arrivons trempées dans la salle au bord du ring.
Ton professeur m’explique ce qu’est la boxe thérapie.
Et ses mots viennent cogner dans mon ventre.
Cela fait des mois que je te suis dans tes activités sportives
sans réaliser…
Ce que j’intègre pour la première fois :
ton handicap.
Derrière, ta silhouette fine, ton sourire incroyable, cette cicatrice…
Ta bagarre contre la tumeur et ses conséquences.
Les coups qui tannent ton corps encore et encore
les tempêtes incessantes qui éreintent,
l’ouragan qui balaye ta vie,
le saccage béant qui assomme.
KO entre deux rounds
dans un jeu dont plus personne ne connaît bien
ni les règles ni les lieux
pourtant inchangés
mais pour toujours différents,
tu as trouvé le pouvoir de te relever
et de te réinventer.


Moi j’étais arrivée après…
Dans mon objectif j’avais vu
l’athlète débordante d’énergie,
la championne au coeur combatif,
d’une volonté bouillonnante…
Ce sourire incroyable est celui victorieux qu’on arrache après un match impitoyable.
Je percevais les conséquences des blessures passées
mais j’étais tellement fière et chanceuse
d’assister à ta renaissance
que j’en oubliais ton chemin parcouru.
Or, si la maladie ne définit pas une personne, elle met en lumière sa volonté de vie.
Nathalie Safraouine Photographe.